mercredi 21 septembre 2016

Pommier (troisième partie : première étude d'ensemble des sonnets en vers courts de l'Album zutique)



Après une première série d’articles sur « Charles Baudelaire » en 1865, le jeune poète parnassien en devenir Paul Verlaine publie un compte rendu d’un ouvrage Les Œuvres et les Hommes de Barbey d’Aurevilly, un ennemi personnel du mouvement poétique dont il se réclame. Verlaine reviendra plus tard sur son appréciation de l’écrivain qu’il traite alors de « romancier très inégal ». Pour l’heure, il brocarde le critique littéraire « détestable souvent et contestable toujours ». Barbey d’Aurevilly a le tort de préférer l’inspiration au travail soigné de la forme, et quand Verlaine en vient à citer l’exemple d’Amédée Pommier c’est sous le jour d’une comparaison avec Banville. Barbey d’Aurevilly s’indigne contre ce qu’il appelle les « sornettes enragées et idiotes » des Odes funambulesques, ce qui correspond à un rejet des thèmes de Banville, plutôt qu’à un rejet formel pur et simple, vu que le connétable des Lettres admire en revanche les acrobaties métriques d’Amédée Pommier, dont les clichés, idées politiques et morales conviennent mieux à ses attentes. Le paradoxe, c’est qu’en jugeant du mérite des poètes en fonction des idées qu’ils défendent, ou plus précisément en fonction de sa sympathie pour les idées défendues, Barbey d’Aurevilly se met dans une situation absurde : il critique la poésie formelle de Banville qui a de la tenue en lui préférant les authentiques « colifichets » de Pommier qui, pour le coup, méritent d’être baptisés sots et enragés. Inévitablement, Verlaine épingle ce travers en citant l’exemple le plus flagrant de la médiocrité poétique de Pommier, un extrait du poème Blaise et Rose qui prend la forme d’un grossier dialogue à base de monosyllabes. Verlaine ne cite pas le poème entier, mais un échantillon accablant par la nullité de sa versification, la grossièreté débilitante de l’échange et l’incohérence grammaticale, le laxisme bête dans la disposition des rimes, voire une licence de paresseux éludant l’enjeu de la difficulté vaincue, puisque Verlaine épingle sensiblement l’orthographe de l’impératif présent « Mord » où l’absence de « s » est d’autant plus choquante que la rime avec « Fort » n’est pas mentionnée par le perfide rapporteur :

BLAISE. – Grogne !
            Cogne !
            Mord !
            Être
            Maître
            Veux.
ROSE. – Va, je
             Rage.
             Gueux !
             Bûche ! etc.

Verlaine rappelle cruellement le titre que Pommier a lui-même choisi pour désigner son œuvre à l’attention du public « colifichets ». Tout cela eut lieu en novembre 1865 dans un article de la revue L’Art. Il ne s’agit pas d’un sonnet en vers d’une syllabe, mais force est de constater que nous retrouvons ce débat comique sur les mérites illusoires d’un poète composant de dérisoires acrobaties métriques. Encore une fois, un discours critique encadre la citation d’une telle prestation monosyllabique. Il faut bien comprendre que si dans l’Album zutique les sonnets monosyllabiques ne sont pas accompagnés de considérations mordantes ironiques, il n’en reste pas moins que Valade et consorts ont à l’esprit que les modèles eux l’étaient. Ecrire un poème en vers d’une syllabe pour un zutiste, c’est entrer dans une polémique sur les affectations ridicules des poètes. Et ce qui justifie cela, c’est que les choses n’en sont pas restés là. Si Barbey d’Aurevilly avait publié une série de trente-sept médaillonnets du Parnasse contemporain, en se fondant sur la série de sonnets qui ponctuait le premier volume du Parnasse contemporain en 1866, Alphonse Daudet et quelques autres anti-parnassiens ont publié un volume satirique reprenant à peu près la suffixation dépréciative flanquée au mot « médaillon » par Barbey d’Aurevilly pour leur titre Parnassiculet contemporain. Mais, conscient de la gravité de l’attaque contre Amédée Pommier, Daudet ne peut pas opposer les camps de poètes, il lui faut assimiler Verlaine à Amédée Pommier par une création parodique et ce sera le fameux sonnet monosyllabique du « Martyre de saint Labre » qui a, à défaut de génie dans la manière en vers, plusieurs mérites parodiques. Premièrement, il s’agit d’un sonnet en vers d’une syllabe sur le modèle de l’épitaphe de Paul de Rességuier. Verlaine qui porte le même prénom devient alors l’exemple au sein du Parnasse d’une nouvelle ambition de renouveau de la forme. Les parnassiens rejouent les batailles romantiques, la redite ayant nécessairement une moindre pertinence. Deuxièmement, le sous-titre permet d’identifier la cible qu’est Paul Verlaine qui n’est pas citée en tant que telle et surtout ce sous-titre invite à confondre les procédés formels d’un Parnassien avec ceux d’un Amédée Pommier rimant des vers d’une syllabe : « Sonnet extrêmement rythmique ». Pour rappel, la pièce « La Nuit du Walpurgis classique » des Poëmes saturniens jouait sur un décalage de la répétition du mot « rythmique » par rapport au moule métrique :

Un rythmique sabbat, rythmique, extrêmement
Rythmique […]

Cela a l’air simple, mais cet art de la répétition décalée est étranger à la poésie pourtant peu avare en répétitions et refrains du recueil Les Amoureuses de Daudet. Et, pourtant, la construction parodique du « Martyre de saint Labre » était si habile que Verlaine n’a pu qu’enrager ne pas savoir y répondre. La parodie du poète provençal a un caractère définitif, quelque chose d’impossible à défaire, et le pire c’est que tout le génie littéraire de la parodie de Daudet n’est pas dans la grâce de la versification, mais dans l’élaboration très concertée du moule mis en place. Daudet est arrivé à une performance littéraire sans poésie, il est ainsi inaccessible à la critique, tandis qu’il est difficile de répliquer à un auteur que son vers n’a aucune émotion, aucun charme, quand il n’y est pas sensible et qu’en revanche il peut exhiber le côté intellectuellement astucieux de sa création. Et, pour une troisième raison, le poème de Daudet est une habile construction, puisque Daudet a retenu la leçon de Pommier du titre « Sparte » d’un poème tout en vers d’une syllabe, poème filiforme d’une maigreur de régime sévère à la spartiate. Le « martyre de saint Labre » est une forme maigrelette. Sans être un de ces calligrammes d’Apollinaire dont les jeunes élèves sont maternés aujourd’hui, à notre avis bien à tort, la forme du sonnet aux vers d’une syllabe mime le fond. Et dans cette maigreur, un lourd sous-entendu : la maigreur de la pensée et de l’art du poète, en l’occurrence du poète Paul Verlaine « archétype Parnassien » pour citer, non sans raison, une saillie de l’Album zutique.
Que contenait l’Album des Vilains Bonshommes qui a disparu dans l’incendie de l’Hôtel de la Ville du temps de la Commune ? Il nous semble peu probable que Valade, Verlaine et consorts aient attendu la formation d’un Cercle du Zutisme en octobre 1871 pour répliquer parodiquement au poème de Daudet. Il faut se méfier quant à la datation des transcriptions de l’Album zutique. Certaines reportent des poèmes que nous savons antérieurs, soit que des versions précédentes figurent dans la correspondance verlainienne, soit que cette correspondance verlainienne nous apprenne que la parodie de Baudelaire La Mort des cochons figurait déjà dans l’Album des Vilains Bonshommes. Pour l’essentiel, les sonnets monosyllabiques présents dans le corps de l’Album zutique semblent bien contemporains ou peu s’en faut de leur transcription dans le corps de l’Album, mais dans le cas des trois sonnets monosyllabiques de Léon Valade une interrogation se pose. Les deux derniers de ces trois sonnets seront ultérieurement publiés dans la Revue du Monde nouveau et leur caractère de triptyque peut suggérer qu’il s’agit de créations plus anciennes simplement reportées dans l’Album pour leur prestige comique. Il pourrait s’agir de créations du temps de l’Album des Vilains Bonshommes dont Valade aurait gardé des versions par-devers lui. Il faut bien cerner que les sonnets monosyllabiques et les « dixains réalistes » à la manière de Coppée avaient une actualité critique à la fin du second Empire et que l’Album zutique est non pas la naissance d’une veine nouvelle, mais un prolongement d’une activité ludique parnassienne concernant Verlaine et bien d’autres. Et il importe encore de ne pas oublier que dans de telles conditions Eugène Vermersch et d’autres exilés communards auraient inévitablement fait partie du Cercle du Zutisme s’ils l’avaient pu. Les création poétiques du type « Les Binettes rimées » de Vermersch sont significatives à cet égard et ajoutons encore que Rimbaud et Verlaine, à tout le moins, ont eu des contacts avec les réfugiés communards, notamment Vermersch à Londres, en sachant qu’il nous manque sans aucun doute une précieuse correspondance littéraire, qui, si menue qu’elle ait pu être, nous aurait réservé des surprises et révélations.
Dans la mesure où nous leur supposons une ancienneté dont ne sauraient se prévaloir les œuvres de Rimbaud, Nouveau et quelques autres, concédons toutefois que les trois sonnets monosyllabiques de Valade au début de l’Album zutique, recto de la page 5, ont donné le ton. Il s’agit de trois sonnets l’un à côté de l’autre, dressés comme trois grêles colonnes. Le premier intitulé « Eloge de l’âne » suppose vraisemblablement un jeu de mots sur le nom de Daudet (entendons « baudet »). C’est le seul à n’avoir pas été repris dans la Revue du Monde nouveau en 1874. Dans la Revue du monde nouveau, les deux sonnets monosyllabiques cités : Amour maternel qui devient « Monologue d’un amour maternel » et Combat naval, sont reliés par un rébus à leur auteur Léon Valade par le truchement d’un vers qui peut se lire dans les deux sens : « Léon, émir cornu d’un roc, rime Noël », ce que relève Pascal Pia dans son édition fac-similaire de l’Album zutique en y ajoutant un autre exemple au sujet d’un autre zutiste occasionnel, Camille Pelletan : « N’a-t-elle pas ôté cet os à Pelletan ? » Ceci laisse à penser que d’autres documents parodiques pourraient éventuellement refaire surface un jour. L’Album zutique n’est que la pièce échappée d’un plus vaste naufrage, et c’est sans doute le prestige de Rimbaud fraîchement débarqué à Paris qui nous empêche de prendre toute la mesure du problème.
En poursuivant notre inspection, si nous laissons de côté, deux sonnets monosyllabiques visiblement ajoutés après coup dans des espaces blancs des pages zutiques (A un Caricaturiste et Sur la Femme de Charles Cros), les trois sonnets initiaux de Valade sont suivis des trois créations de Rimbaud coiffées du titre « Conneries ». Il s’agit de trois sonnets sur des verts courts. La première série de deux sonnets que reporte Rimbaud ne contient aucun sonnet monosyllabique. « Jeune goinfre » est un sonnet en vers de deux syllabes, et « Paris » un sonnet en vers de six syllabes, ce qui n’est plus du tout de la même portée. Ces deux sonnets sont reportés au verso de la page 6 de l’Album zutique et vu le soin apporté à la distribution resserrée des deux sonnets sur le côté gauche du feuillet, il semble assuré que Rimbaud a été empêché de reporter à tout le moins une troisième création, selon toute vraisemblance le sonnet enfin en vers d’une syllabe de sa part, « Cocher ivre », qui forme à lui tout seul une deuxième série sous le titre « Conneries » au verso de la page 8. Si nous réunissons les trois « Conneries » de Rimbaud, des comparaisons symétriques sont possibles avec les triptyque de Léon Valade.
Mais, entre les deux séries de « conneries » de la part de Rimbaud, nous observons au recto de la page 7, à proximité donc de « Jeune goinfre » et « Paris au verso de la page 6, une dans l’extrême marge gauche  d’un sonnet monosyllabique d’Ernest Cabaner intitulé « Mérat à sa Muse », poème qui traite d’une guerre imminente, mais qui figure dans la marge laissée par la transcription justement du sonnet La Mort des cochons, parodie signée « L. V. – P. V. » pour Léon Valade et Paul Verlaine, parodie qui, nous le savons, figurait déjà dans l’Album des Vilains Bonshommes. Voilà qui peut contribuer à renforcer l’impression que les trois sonnets monosyllabiques de Léon Valade sont le report d’une création plus ancienne. Nous voulons dire que si nous cherchons à expliquer pourquoi précisément à cet endroit Cabaner reporte une composition récente ou non de sonnet monosyllabique, c’est peut-être qu’au-delà de la proximité de la série rimbaldienne, la transcription par Verlaine de « La Mort des cochons » a créé un instant d’échanges nostalgiques sur l’Album des Vilains Bonshommes, fantôme indispensable pour méditer la dynamique du Cercle du Zutisme.
Remarquons encore que sur le verso de la page 8 où figure le seul sonnet en vers d’une syllabe de Rimbaud « Cocher ivre », Raoul Ponchon a ajouté quelques mois plus tard visiblement en 1872 une parodie de Louis Ratisbonne et Germain Nouveau un « Sonnet sur RP » [Raoul Ponchon] en vers de trois syllabes, signe qu’il s’est intéressé à la déclinaison rimbaldienne du projet qui consistait à varier les mètres (vers de deux, de six syllabes, etc.).
De nouveaux sonnets monosyllabiques apparaissent au recto et au verso d’un feuillet contenant également des monosyllabes latins, peut-être dans l’esprit du poète Ausone nous apprendrait Alain Chevrier. Le premier « Sur un poëte moderne », attribué sans certitude à Paul Verlaine à ce que nous avons compris, est accompagné d’un médaillon ou d'une médaille antique usée qui représente François Coppée. Le sel de la blague reliant le dessin au sonnet est sans doute à comprendre dans le glissement de médaille ou médaillon à médaillonnet à la manière de Barbey d’Aurevilly. Ancien compagnon de route des Vilains Bonshommes, François Coppée est devenu un ennemi politique des zutistes par ses écrits anticommunards et ses amitiés avec la princesse Mathilde. Qui plus est, cet éloignement s’accompagne d’une régression au plan poétique. François Coppée n’a plus le même talent que quand il composait les recueils Reliquaire ou Intimités, voire que quand il composait son recueil de Poëmes modernes, ici clairement épinglé : « Sur un poëte moderne ». Cette même page s’accompagne d’un faux Coppée de Léon Valade intitulé « Pieux souvenir » et à l’extrémité droite de la page d’un sonnet monosyllabique d’Henry Cros « Invocation synthétique ». Quant au verso de cette page, il s’agit clairement de transcriptions plus tardives, puisque le monogramme « GN » désigne Germain Nouveau, lequel n’a pu écrire sur l’Album zutique détenu par Léon Valade qu’en 1872. Ce verso est très intéressant. Nous retrouvons l’idée d’une série de trois sonnets monosyllabiques sur le modèle initié par Léon Valade, ce qui conforte au passage l’impression que les trois « Conneries » de Rimbaud formaient un triptyque dans son esprit. Mais ce n’est pas tout ! Outre que les trois sonnets sont de la plume de trois parodistes distincts : Cros, Valade lui-même et Germain Nouveau, le premier sonnet de Charles Cros et le troisième de Germain Nouveau ont en commun d’imiter la forme dialoguée du poème Blaise et Rose précisément cité comme exemple d’exploit poétique apprécié d’un Barbey d’Aurevilly pour ses vers d’une syllabe. Le poème « Ereintement de Gill » de Léon Valade n’est pas un dialogue, mais Charles Cros fait figurer sur le côté les disons « didascalies » Tristan et Yseult, Tristan prenant la parole dans les quatrains et Yseult dans les tercets. Cette distribution nous invite à rappeler que Verlaine n’a pas cité intégralement le dialogue de Blaise et Rose et qu’il n’a cité qu’un extrait des éructations de Blaise en les faisant suivre d’un extrait aussi court des réponses de Rose. Le poème de Charles Cros imite par ailleurs le titre de Rimbaud « Connerie » sous son apparence neutre « Causerie ». Sans doute à la façon de Daudet « Autre amoureuse », Germain Nouveau a répondu au sonnet de Cros avec le titre « Autre causerie », mais il a compliqué l’échange (Charle, Yonne, Charle, Yonne). Quelques pages plus loin, Valade de sa plus belle écriture a retranscrit un autre de ses sonnets monosyllabiques « Néant d’après-soupée ». Le soin apporté à la transcription sur un feuillet déchiré contenant les restes d’une création rimbaldienne sur le principe des bouts-rimés invite à penser que c’est une transcription d’octobre-novembre 1871. En revanche, au verso de la page 22, nous rencontrons un sonnet monosyllabique qui date vraisemblablement de 1872 puisqu’il répond à celui « sur RP » en ciblant un autre proche de Richepin : « Sur Bouchor ». Par son monogramme « GN », il est attribué à Germain Nouveau également. C’est le dernier sonnet monosyllabique de notre précieux livre manuscrit zutique, mais il nous faut rappeler que nous avons fait abstraction de deux sonnets dans les premières pages de l’Album zutique. Le premier est attribué à tort à Germain Nouveau avec le dessin l'accompagnant, mais ce sonnet n'est pas signé et l'argumentation qui suit plaide pour un apport précoce en octobre 1871 même. Son auteur, Valade ?, l’aurait ajouté au verso déjà surchargé de la page 3 de l’Album zutique. Cette caricature est accompagnée d’un dessin représentant le visage d’Alphonse Daudet flanqué de l’identification sournoise « Le petit Chose », tandis que le sonnet porte un titre « A un caricaturiste ». Sur la page suivante de l’Album, Camille Pelletan a reporté une composition sienne avec une plume gorgée d’encre, ce qui donne une écriture épaisse et foncée. Bien que l’écriture du sonnet « A un caricaturiste » soit plus soignée, il semble que son auteur inconnu ait utilisé la même plume dans le même état. Dans de telles conditions, ce serait le premier sonnet à avoir été transcrit dans le corps de l’Album zutique, avant même ceux de Léon Valade au recto de la page 5, deux, trois pages plus loin. Il y a toutefois fort à parier que ce sonnet sur "le petit Chose" et les trois sonnets de Valade aient fait partie d’une même série de transcriptions dans une même journée, ou peu s’en faut, et que, dans tous les cas, l’activité zutique ait appelé l’attention sur le report de trois créations « valadives » plus anciennes. Enfin, au recto de la page 6, c’est cette fois Charles Cros qui a reporté un sonnet monosyllabique dans une mince bande étroite au milieu de la page. Dans les deux cas, l'auteur non identifié et Charles Cros ont reporté bon an mal an un sonnet monosyllabique à gauche d’une parodie ciblant Alphonse Daudet. Dans le premier cas, « A un Caricaturiste », le poète a écrit à côté d'un poème de Cros « Intérieur matinal » qu’il attribue zutiquement à un Daudet infantilisé : « Joujou, pip, caca, dodo… » Dans le second cas, « Sur la femme », Cros, à son tour, a voulu accompagner le « Pantoum négligé » que son auteur Paul Verlaine a faussement attribué à Alphonse Daudet.
L’unité des sonnets monosyllabiques et assimilés dans le corps de l’Album zutique apparaît donc clairement. Il ne nous reste plus qu’à mieux déterminer les sources intertextuelles au cas par cas. Ce sera l’objet de la prochaine partie de notre étude… Nous allons citer tous les poèmes en vers d’une syllabe d’Amédée Pommier, quelques autres modèles de sonnets, tous les sonnets monosyllabiques ou assimilés de l’Album zutique, et nous monterons systématiquement les chaînes intertextuelles possibles dessinées par ces vers d’une syllabe. Il conviendra également de citer en regard les autres parodies d’Alphonse Daudet que contient l’Album zutique. Ce travail nous demande une certaine étendue, et nous préférons scinder ici notre article. Chaque temps de l’étude a toutefois son importance et nous avons vu ici que la dispersion des parodies zutiques n’empêchait pas de constater des éléments d’articulation très fermes riches d’enseignements ou de suggestions à explorer. Il va sans dire que c’est on ne peut plus concrètement que nous mettons le nez dans la sociologie du zutisme et dans la signification de leurs écrits collectifs.

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