lundi 9 mars 2015

Printemps idiot

Je mettrai en ligne dans la soirée la dernière partie sur la correspondance rimbaldienne avec Izambard et Demeny en 1871 !
Je suis évidemment déçu que personne ne rebondisse sur tout ce que je dis du livre Une saison en enfer avec des points chauds tels que la coquille "outils" pour "autels", le jeu de mots "Gagne la mort" pour "perds la vie", ma lecture rapprochant "Jadis, si je me souviens bien", de "Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme, j'aurais", où le conditionnel est l'équivalent du "si" de "si je me souviens bien", ma lecture des souvenirs de Mauvais sang comme un retour suspicieux sur une scolarisation, ma lecture des "faux nègres" qui ne s'expliquent pas sans retour sur la peau tannée de celui qui revient l'air féroce pour être mêlé aux affaires politiques, ma lecture qui explique pourquoi le démon se récrie et permet de revenir d'ailleurs en plus précis à la lecture traditionnelle qui était faite de ce texte avant les interventions de Brunel et Molino dont tout le monde tient compte aujourd'hui, y compris Guyaux et Nakaji, alors que Nakaji avait clairement donné une interprétation dans le sens de la mienne dans son livre Combat spirituel ou immense dérision ?
Mes idées ne valent que quand c'est un autre qui les dit : par exemple les intertextes de Leconte de Lisle dans Soir historique, c'est moi qui avait repris oralement Bruno Claisse qui croyait y lire "normes", je peux citer le nom de la dame qui parlait avec lui à ce moment-là lors d'une pause de séminaire à Paris, je lui ai dit que ce n'était pas "normes", mais "Nornes", que le texte était saturé d'intertextes de Leconte de Lisle que j'ai dans mes fichiers anciens d'ailleurs et informatiquement datés, le suivant article de Claisse a été sur Soir historique, a exhibé un intertexte de Leconte de Lisle, sans nullement me citer, et là on le félicite ! On me pique sur pas mal de choses, je n'ai pas tout dit, mais ça viendra en son temps ! Il semble que des articles et ouvrages japonais s'intéressent à Voyelles et on cite par exemple la lumière johannique sans me citer également, bon ok, je vois ! Les pillages sur l'Album zutique, il a suffi de me laisser me plaindre dans le vide, je ne suis pas dans les réseaux autorisés, donc je ne suis pas gênant et mon blog ne sera jamais de référence ! Je pense qu'ils sont contents que je ne publie plus dans les revues, le but n'est pas de lire Rimbaud, mais de se faire mousser ! Il en est même qui n'ont jamais rien contribué de manière décisive à la compréhension du texte  qui passent pour de grands experts rimbaldiens et qui se moquent des ratés des autres !

Bon, tout cela n'est pas très grave, je ne tirerai aucun parti professionnel de mon approche rimbaldienne, eh bien je ne rejoindrai pas le "râtelier universitaire" et le monde de tricheries pour la reconnaissance sociale à l'aide de la critique littéraire!

On a pu remarquer que j'ai une lecture fouillée du texte préliminaire, mais que je considère depuis longtemps que l'alinéa qui interpelle est le suivant : "Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot"!

Voici ma petite idée du moment : le poème Après le Déluge offre un récit au passé qui glisse insensiblement au présent ! J'ai déjà expliqué comment Rimbaud avait distribué les paragraphes de ce poème en prose, ce qui n'a intéressé personne comme d'habitude, pas même Michel Murat dans son édition révisée de L'Art de Rimbaud, puisque de toute façon ça venait de moi, c'est un peu comme si Ronsard et du Bellay ne s'étaient jamais posés de questions sur la forme du sonnet, ce que j'ai dit sur la construction formelle des poèmes en prose c'est certainement secondaire, enfin bref !

Dans Après le Déluge, le gros coup porte sur l'alliance de mots "la mer étagée là-haut", figure d'adynaton qui doit concentrer l'attention du lecteur !   
Mais, un autre passage capital, c'est celui où Eucharis prétend faire admettre au poète qu'il y a eu retour du printemps !
C'est bien évidemment remarquable !
Dans la prose qui ouvre Une saison en enfer, nous avons un récit de chute ! Le poète s'enfuit du paradis en gros ! Dans Après le Déluge, nous avons une société qui se reconstruit après l'idée du Déluge, ce qui laisse entendre que la purification n'a pas été nécessaire ! Sauf pour un enfant qui claque la porte ! Et cet enfant se révèle être le poète qui quand on lui parle d'un temps premier de concorde universelle avec la voix de l'une des trois grâces répond non par un poème d'exorde, mais par une exhortation pressante rythmée d'impératifs : "Sourds, roule, montez et roulez, montez et relevez les Déluges", ce qu'on pourrait rapprocher ludiquement d'un "va, cours, vole et nous venge!"
Et dans ce basculement du passé au présent, au plan des temps verbaux employés, puisque le poème se termine même par une phrase au futur de l'indicatif "voudra" avec des relatives au présent "ce qu'elle sait et que nous ignorons", nous avons eu une succession temporelle : scènes immédiatement postérieures à l'idée du déluge, et articulation du retour des jours et nuits qui s'écoulent avec "Depuis lors, la Lune entendit", ce qui crée une profondeur de temps écoulé depuis l'idée du Déluge, et enfin ce "Puis" tombé de nulle part qui a tout l'air du "Un soir" de la prose d'Une saison en enfer, quand la Beauté, sans doute un printemps, assise sur les genoux du poète, se fait insulter ! Cette Beauté a un nom désormais, elle s'appelle "Eucharis"!
Parlez-en à ceux qui pensent que la Beauté au début d'Une saison en enfer vient d'un hymne baudelairien ou pour vous guérir de ce que je raconte, lisez les notes des éditions courantes de Rimbaud dont je ne crois pas un instant qu'elles soient nées d'un édifice de passion sincère pour un auteur!

Pour conforter le rapprochement entre la rébellion d'Une saison en enfer et celle de l'enfant qui s'avère être le poète dans Après le Déluge, nous avons bien sûr l'écho des sorcières misère et haine à la soricère qui allume sa braise dans le pot de terre au moment de l'appel aux Déluges ravageurs ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire