jeudi 3 avril 2014

Digression : grammaire traditionnelle et moderne et enseignement

A l'école, j'ai appris à identifier le COD et l'attribut du sujet en deux étapes Je pose une question en plaçant "quoi" ou "qui" après le verbe, puis je vérifie si j'ai affaire à un verbe d'état Cette méthode est très critiquée aujourd'hui
Pour précision, l'enseignement de la grammaire ne va pas au-delà de la classe de troisième Il n'y a aucun enseignement de la grammaire au Lycée
A cela s'ajoute qu'un élève de Collège dans les années 80 n'a pas appris le bon usage de la langue de manière aussi poussée qu'un élève de Collège dans les années 70 Un ouvrier collégien dans les années 70 cerne mieux le bon usage du subjonctif présent qu'un ancien collégien premier de classe dans les années 80 L'accord des participes passés des verbes pronominaux ne faisait plus l'objet d'un apprentissage soigné dans les années 80 non plus Je ne parlerai pas de la gravité de la situation actuelle
Maintenant, si on reprend les études de Lettres à l'Université, on retrouve l'enseignement de la grammaire et du Latin Mais, il n'y a que trois années universitaires où c'est le cas, trois années à 25 semaines de cours, sans encore en retrancher les semaines pour les examens et les semaines de grève
Il n'y a que 14 heures de cours par semaine environ Le Latin n'est obligatoire qu'en première et troisième année, et il s'agit en fait de deux années de cours accélérés pour débutants Il n'y a que deux heures de cours par semaine En première année universitaire, les étudiants qui n'ont jamais cessé le latin vont en perfectionnement, les autres reprennent tout à la base, ce qui était mon cas, puisque mon arrivée en France m'avait obligé à rattraper mon retard en anglais En deuxième année, le latin n'est pas obligatoire et les options littéraires sont tentantes Et en troisième année, au lieu d'une année de perfectionnement, on reprend tout à la base en plus accéléré encore que pour la première année, mais à la fin de l'année on a appris à peu près la même chose qu'en première année Les cours de Latin sont fortement théoriques, l'entraînement ne tient qu'à la prise en charge personnelle des candidats et les contraintes de réussite sont suffisamment affaiblies pour que l'épreuve ne soit pas réellement appréhendée Mais, ce qui manque, ce n'est pas le niveau final à l'examen, c'est le cadre progressif contraignant et fortement appuyé d'exercices d'assimilation
A côté de cela, on a chaque année deux heures d'ancien français et deux heures de linguistique (XVIè-XXè)
Mais là encore les cours sont puissamment théoriques, avec même parfois des cours de réflexion sur l'évolution des langues, leurs apparentements, qui au final ne permettent pas de mieux comprendre une phrase de latin ou de français
A cela s'ajoute un truc assez énorme L'enseignement ne donne que superficiellement l'impression de revoir les bases, mais finalement elles sont supposées acquises et non dissipées chez les étudiants qui n'ont qu'à se prendre en charge pour une petite remise à niveau
Il y a quand même un problème qui ne passe pas
Il y a des parties pointues de l'enseignement de la grammaire qui n'ont pas été au centre de l'attention au Collège, et entre le professeur d'Université et l'étudiant il y a une ou deux générations d'écart, si pas plus, avec des différences considérables sur ce qu'il est normal de savoir ou pas, surtout des différences considérables au plan des réflexes conditionnés
Il y a aussi que l'enseignement théorique doit venir après un enseignement pratique, après l'assimilation du bon usage Or, déjà, les générations qui furent au Collège dans les années 80 n'ont pas eu un enseignement suffisant pour tenir la plume
Au lieu de donner des exercices d'écriture pour que les élèves assimilent un style, soient précis, on donne des rédactions avec des consignes vagues, voire pas de consignes du tout parfois, la note étant un mystère pour l'élève : Pourquoi son travail d'imagination vaudrait-il moins qu'un autre ?
Certes, on pouvait comparer les copies et bien comprendre que telle copie était mieux que telle autre, mais fallait-il la prochaine imiter ce qu'on venait d'entendre peu importe le sujet?
Depuis plusieurs générations, la maîtrise du subjonctif n'est plus à l'ordre du jour, ni la maîtrise des verbes pronominaux, ni la construction habile des subordonnées, des phrases complexes
Le "ne" explétif vivait ses dernières heures dans les années 80
L'Université n'est pas l'occasion de revenir sur tout ce qui a manqué, mais en même temps elle ne reprendra qu'un secteur des points étudiés au Collège et à l'école, en approfondissant un peu
Mais, cet enseignement est encore une fois hyper théorique Ce n'est pas un enseignement où on dissèque des phrases, où on a des exercices C'est un cours qui tombe en paragraphes avec parfois des tableaux
Et surtout, il n'y a pas de méthode
Il n'y a pas ce retour scolaire : on repère d'abord le verbe, puis le sujet, puis les compléments du verbe, puis les compléments circonstanciels Pour identifier un sujet, on fait ainsi et ainsi
Il n'y a aucune rigueur dans la démarche, aucune méthode L'étudiant est directement invité à se positionner dans un débat théorique parfois, et en tout cas il doit digérer un discours abstrait sans exercer réellement son sens pratique
Il n'a pas à acheter le livre d'exercices qu'il doit avoir fait dans l'année, rien de tout ça
Et après ces trois années, il peut soit passer le concours du CAPES, soit continuer avant de passer ce concours ou l'autre de l'Agrégation, mais les nouvelles années sont celles du mémoire où on fait le choix d'être plutôt linguiste ou plutôt littéraire Le littéraire ne profite plus vraiment alors d'un quelconque enseignement de la grammaire
Quant aux concours, CAPES ou Agrégation, ils relèvent de la prise en charge personnelle
C'est même assez étrange Normalement, un diplôme universitaire pourrait servir au recrutement des enseignants, comme c'est le cas en Belgique après quatre ans
En France, le cas est étrange Le niveau universitaire est faible, mais ne débouche sur rien Les concours eux sont demeurés à un niveau assez élevé, du moins l'Agrégation, mais ils relèvent d'une prise en charge personnelle sur un an autofinancée
En un an, les étudiants doivent étudier ce qui aurait dû l'être dans le cadre des trois années universitaires L'année de préparation à un concours, menée sérieusement, est une année de grandes découvertes
Or, j'en viens à un point qui intéresse la grammaire
Il faut bien comprendre que la connaissance des règles du français a évolué
Dans les années 70 et 80, l'empreinte de la grammaire traditionnelle était encore très forte, mais des nouveautés se mettaient en place, l'intérêt pour les types et les formes de phrases sous l'influence de la grammaire générative et transformationnelle : types de phrase déclarative, interrogative, impérative, exclamative, forme affirmative contre forme négative, forme active contre forme passive, tournure impersonnelle et forme emphatique
Mais, aujourd'hui, d'autres notions encore se sont installées et sans le faire savoir
Actuellement, on insiste sur l'opposition entre complément essentiel du verbe et circonstant (anciennement complément circonstanciel)
Ainsi, un collégien dans les années 60 ou 80 face à la phrase "Il va à Paris" posait la question "Où va-t-il?" et identifiait un complément circonstanciel de lieu qui avait juste pour une fois la propriété d'être indispensable à la bonne formation de la phrase
Aujourd'hui, on oppose le complément circonstanciel de lieu et le complément essentiel de lieu
Mais, aucune revue exhaustive des compléments essentiels du verbe pour les nouveaux élèves, ni pour les enseignants et étudiants qui ont connu l'ancien système
Les linguistes universitaires critiquent sans arrêt la grammaire traditionnelle, mais ils ne donnent jamais une synthèse claire et précise de leur savoir, jamais une méthode résumée et pédagogique, jamais l'essentiel à retenir, jamais une synthèse d'ensemble, aucune clarté sur la terminologie adéquate
Ils critiquent toujours un détail sans se soucier de la vue d'ensemble
Leurs progrès sont très bien, mais leur pénétration dans l'enseignement est une catastrophe

Pourquoi ne pas dire partout que l'opposition entre complément circonstanciel et complément essentiel se fonde sur la pronominalisation, c'est-à-dire que quand on déplace le complément s'il est nécessaire d'accompagner le verbe d'un pronom, c'est qu'on a affaire à un complément essentiel (COD, COI, Attribut du sujet, compléments essentiels autres)
Un collégien des années 80 n'a jamais appris des distinctions qui existaient déjà à son époque : compléments essentiels de prix, de mesure, de poids, et là il faut rattacher à COD, COI, attribut du sujet, ces compléments-là, mais aussi des compléments essentiels de lieu, de temps (qui posent plus de difficultés pour ce qui est de la pronominalisation), voire de présentatif et de tournure impersonnelle
Mais, pour savoir que ça existe, il faut déjà chercher ou bien avoir la chance de tomber sur le manuel qui vous le dit

Et les linguistes conspuent la méthode traditionnelle: la fameuse question "quoi" après le verbe, etc
Mais, aucune directive pour dire qu'il faut privilégier l'identification par les pronoms C'est sûr que les variations de formes des pronoms sont pratiques pour identifier les fonctions dans une phrase, mais un étudiant et à plus forte raison un élève il n'utilise que les méthodes qu'on lui enseigne, il faut peut-être un peu arrêter d'attendre que l'élève soit l'Archimède qui découvre par lui-même, parce qu'à ce rythme-là il en coule de l'eau sous les ponts

Pour ce qui est de l'attribut du sujet, comme la question "quoi" après le verbe est mal vue, je l'utilise quand même, en vérifiant ensuite si j'ai affaire à un verbe d'état, mais j'ai ce petit bagage théorique de me dire que l'autoréférentialité distingue aussi l'attribut du sujet du COD Problème, c'est que c'est tellement abstrait et approximatif que je pourrais me dire alors qu'il y a attribut du sujet dans "ma jambe" quand je dis "j'ai levé ma jambe"
Or, quand on passe par les pronoms, c'est plus simple Le pronom pour l'attribut du sujet est une forme neutre invariable "le" par opposition aux formes variées du pronom complément COD "le, la, les", les formes "me, te" pouvant être confondues avec le pronom COI, mais je me suis rendu compte aussi que n'ayant jamais étudié les verbes pronominaux à l'Université, j'avais perdu les bons réflexes de la classe de sixième, en Belgique, quand j'étudiais les pronoms réfléchis, réciproques et un petit peu les passifs et essentiellement pronominaux
Dans la phrase "Je m'appelle Jean", je peux remplacer par "être" et noter un cas d'autoréférentialité "Je suis Jean" si je vais un peu vite en besogne
Mais comme j'ai été d'emblée frappé par le fait qu'on dit "Je m'appelle comment" et non pas "Je m'appelle quoi", j'ai compris que je me plantais dans l'analyse
Et si j'exploite la méthode nouvelle, mais non directement et clairement enseignée du déplacement simple du complément pour vérifier si un pronom apparaît ou pas, je me rends compte que "Jean, je m'appelle" est familier, mais que je ne peux pas dire pour autant "Jean, je le m'appelle", "le" étant le pronom unique pour l'attribut du sujet
En fait, faute d'inattention, je n'avais pas pris en compte dans un premier temps le pronom "m'" apostrophe qui est à analyser dans le verbe Il s'agit d'un pronom réfléchi COD et "Jean" est alors attribut de l'objet
La même analyse vaut pour "Je ne me sentis plus guidé par les haleurs" où on peut constater la forme de participe qui correspond à un adjectif "guidé" et cerner l'autoréférentialité, du moins la qualité qui renvoie au sujet comme dans "Je suis malade" On peut être tenté de remplacer brutalement le verbe pronominal par être "Je ne suis plus guidé"
Là encore, c'est un oubli d'un réflexe scolaire bien lointain et trop peu pratiqué, l'analyse de la fonction du pronom du verbe pronominal, d'autant que personne ne me demande d'analyser, donc je vais vite et je peux faire n'importe quoi
Evidemment, là encore je ne peux déplacer en faisant apparaître un "le" pronom "guide par les haleurs, je ne me le sentis plus"
En fait, "me" est encore une fois un pronom réfléchi COD et "guidé par les haleurs" est attribut de l'objet
Et là, vu qu'on me sortira quand même un manuel qui fait la synthèse en opposant bien les compléments circonstanciels et les compléments essentiels en appliquant la méthode que je viens de décrire et que peut résumer l'exemple suivant
Le chat saute sur la table : phrase ambiguë, ou bien "Sur la table, le chat saute", complément circonstanciel, ou bien "Sur la table, le chat y saute" complément essentiel
Eh bien, je demanderai aussi quels manuels prennent encore la peine de bien faire observer que l'attribut de l'objet ne se pronominalise pas comme le COD, le COI, l'attribut du sujet, alors qu'il est lui aussi un complément essentiel, quels manuels prennent aussi la peine de faire observer que dans l'opposition entre compléments essentiels et compléments circonstanciels, il ne faut pas oublier le complément d'agent Quel manuel ou livre de linguistique se soucie de le classer quelque part, puisque le complément d'agent attaché à un participe passé a l'intérêt de s'effacer sans laisser de pronom et pourtant il n'est pas classé parmi les compléments circonstanciels
Et je n'ai pas fini
"Je ne me sentis plus guidé par les haleurs"
je remarque que "me" et "guidé par les haleurs" ont une relation quelque peu comparable à "Je les ai entendus chanter"
Or, dans "je les ai entendus chanter", "les" et "chanter" sont considérés comme les deux parties d'une construction disloquée qui à elle seule forme le COD du verbe conjugué "entendre"
J'ai entendu les oiseaux chanter", là "les oiseaux chanter" est COD
Cette question est importante pour l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir
"Je les ai entendus chanter, les oiseaux"

Rappelons que les manuels de grammaire actuels sont tout fiers de critiquer la définition de la phrase dans la grammaire traditionnelle Ils ne font pas dire la phrase par sa présentation conventionnelle : majuscule et point, ni par le sens ou l'unité du sens, il faut être rigoureux et la définir syntaxiquement C'est alors l'unité syntaxique supérieur, et une phrase est un ensemble ordonné de mots ou de groupes de mots avec des règles de combinaison, une hiérarchie même de rapports entre eux

Mais voilà qu'arrive la phrase complexe
Et là on vous dit qu'il y a des propositions chacune autour d'un verbe conjugué
Cela permet de créer une distinction entre phrase et proposition de manière à traiter la phrase complexe, pour ne plus dire il y a plusieurs phrases dans la phrase, il y a une phrase subordonnée dans la phrase

Et donc on définit les types d'enchâssement des propositions dans une phrase complexe
Les trois grandes sont la juxtaposition, la coordination et la subordination
Si le manuel est bienveillant, il vous concédera qu'il existe aussi l'incise et l'incidente
Enfin, il est réservé à un ouvrage pointu de parler des corrélations, ou du statut délicat de subordonnée pour la fameuse phrase type au conditionnel ou pour certaines phrases comparatives
Mais, aucun ouvrage ne me semble-t-il ne dénonce la juxtaposition, car je voudrais bien qu'on m'explique comment on identifie la juxtaposition d'une phrase complexe à l'oral Ce n'est qu'un artifice de ponctuation, une présentation comparable au cas de la phrase identifiée par la majuscule et un point final Alors, c'est bien beau de se moquer, mais vous les grammairiens modernes vous faites pareil sur ce point-là
Je n'ai pas fini Même s'il est vrai que le point est contesté, on enseigne de toute façon qu'il existe une proposition subordonnée infinitive qui est toujours complément d'objet direct et une proposition participiale qui est toujours complément circonstanciel
Mais, c'est quoi la définition de la proposition ? Dans ces manuels et ouvrages de linguistique, on vous dit qu'une proposition se fait autour d'un verbe conjugué
Or, l'infinitif, le participe et le gérondif sont les trois modes non personnels du verbe Il est vrai que ces modes font partie de la conjugaison, mais quand on parle d'une verbe à une forme conjugué c'est forcément par opposition à quelque chose, précisément par rapport aux formes qui n'ont pas de conjugaison en première, deuxième et troisième personnes du singulier ou du pluriel
Sans le dire, on vous fait parler de "proposition subordonnée infinitive" d'un côté et de l'autre d'une "proposition" qui se fait autour d'un verbe conjugué
Et dans la phrase : "Relever les formes qui ne vont pas ensemble" On a donc une phrase non verbale avec une seule proposition
Et mieux encore "Préparer le dîner", ce n'est pas une proposition
Et je n'ai pas fini
La marotte issue de la grammaire générative, c'est de classer trois types de phrase qui sont exclusifs les uns des autres : l'interrogation, l'impératif, l'assertion (phrase déclarative), à quoi on ajoute un mode exclamatif qui peut se combiner avec les trois autres, qui n'a pas de forme propre, mais qui a aussi pour caractéristique de participer à l'intonation de la phrase
Après, la marotte est d'étudier la transformation tournure active / tournure passive, puis d'autres encore notamment la tournure impersonnelle, la forme emphatique
Et bien sûr, tout phrase est soit affirmative, soit négative, donc on étudie aussi cette modalité
C'est le grand tableau quand on étudie la phrase dans son ensemble
Mais, pour l'impératif, comment se fait-il que les ouvrages les plus pointus de synthèse sur la question des types de phrase associent exclusivement l'impératif à l'acte d'injonction ordre ou défense, quand fort heureusement à l'école on étudie l'injonction selon trois modes distincts : l'impératif, le subjonctif et l'infinitif
On relève dans la Bible "Que la lumière soit!", et on demande aux élèves d'inventer une recette de cuisine en la rédigeant à l'infinitif puis à l'impératif?
Je trouve que les grammairiens ne font rien pour que leur matière soit noblement et efficacement enseignée dans les classes
Tous les jours des millions d'élèves sont critiqués pour le manque de rigueur, etc
Mais où est la rigueur dans les ouvrages de synthèse sur la recherche linguistique, et où est-elle dans les manuels scolaires, et dans le monde universitaire ?

Pour "J'ai entendu les oiseaux chanter", si on procède à un déplacement en faisant apparaître une reprise par pronom, on s'aperçoit que chanter reste en-dehors de la pronominalisation "les"
 "Je les ai entendus chanter, les oiseaux"
Le pronom "les" montre bien que "les oiseaux" sont COD et non pas "les oiseaux chanter"
Et l'accord au pluriel du participe passé "entendus" confirme ce fait, le COD est placé avant sinon il n'y aurait pas d'accord
Face à cela, on répond évasivement que "les oiseaux" est le sujet pluriel du COD, on admet qu'une partie du COD peut régir l'accord, puisqu'au moins on est d'accord pour dire qu'il n'y a pas deux COD "les oiseaux" et "chanter"
Il est vrai qu'on doute que "les oiseaux" soient le sujet du verbe "chanter" au plan syntaxique, puisqu'au plan logique ils sont le sujet, ça c'est certain
Mais on ne sait pas quoi répondre, les manuels disent leurs réticences et c'est tout
Pour moi, je considère que ce test pronominal qui est une belle mise au point récente mais qui est si mal synthétisée pour être enseignée ensuite dans les écoles montre que le COD est "les oiseaux" ou le pronom "les" lui-même bien sûr, et que "chanter" est un complément particulier du COD qui reste à définir, certes pas un attribut de l'objet, mais au moins la comparaison avec "Je ne me sentis plus guidé par les haleurs" me semble suggestive
Après qu'est-ce qu'une fonction "sujet" ? Doit-on considérer que la notion est syntaxique, ou bien qu'elle est logique?
Pour l'instant, il me semble qu'on se contente d'identifier le sujet par la procédure de déplacement suivante : "c'est xxx qui"
Jean a mangé la pomme / C'est Jean qui a mangé la pomme
Qui est parti ? C'est qui qui est parti
Jean est le médecin C'est Jean qui est le médecin
On sait qu'à tous les coups les mots coincés entre "C'est" et "qui" sont le sujet de la phrase de départ
Le repérage formel est efficace, mais le sujet on ne sait plus trop ce que c'est au plan logique puisqu'on répugne désormais au traitement traditionnel
D'ailleurs, je ne trouve pas non plus très clair dans les manuels de grammaire les affirmations brutales du genre, le sujet n'est pas toujours celui qui fait ou subit l'action, il peut être aussi locatif, instrumental, et cela s'accompagne d'exemples que je trouve franchement douteux :

Le belvédère domine la ville
La clef ouvre la porte
Le mur entoure le jardin

Tels quelles, ces phrases n'illustrent pas le défaut de l'analyse traditionnelle
Ces phrases ont un caractère métaphorique qui encouragent bien à interpréter le sujet comme faisant l'action de dominer, d'ouvrir, d'entourer
Il est vrai que des manipulations, par exemple la passivation, vont remettre en cause cette idée, mais encore faut-il ne pas se contenter d'affirmer aux lecteurs, surtout quand le volume est aussi épais et long à lire que la Grammaire méthodique du français de Riegel, Pellat et Rioul que dans ces phrases déclaratives simples à la voix active, on voit que le sujet ne fait pas l'action, ce qui n'est rien d'autre qu'une analyse logique selon notre connaissance du monde, principe auquel les nouveaux grammairiens prétendent pourtant se soustraire

Ces points de grammaire sont débattus par-delà les langues depuis des décennies par des centaines d'universitaires
Moi, je ne maîtrise pas tout, je ne me suis pas spécialisé en grammaire, mais j'arrive à cerner les choses, à voir où le bât blesse
Avec moi, vous avez trouvé un sacré poil à gratter, je montre que vous n'êtes pas si pointus et rigoureux que vous voulez le laisser entendre
En tout cas, il y a des choses urgentes à revoir dans l'intérêt de la propagation du savoir

Je vous livre d'autres scoops
La notion de groupe verbal, ceux qui ont eu un enseignement traditionnel l'associe logiquement à la nature des mots et c'est normal Il y a neuf natures de mots et puis il y a les groupes qui leur correspondent : groupe nominal, groupe adjectival, groupe verbal, groupe pronominal, groupe adverbial et puis proposition ou subordonnée (conjonctive ou relative), en gros quoi
Face à cela il y a les fonctions sujet verbe attribut épithète apposition et tout ce qui a le nom complément
Evidemment, il y a eu des confusions, le mot verbe désigne à la fois la nature d'un mot et une fonction, et les dérapages ont concerné le sujet et le verbe justement, puisqu'on a parlé de la fonction groupe sujet et de la fonction groupe verbal, alors que groupe sujet n'est qu'une contraction maladroite pour "groupe nominal sujet", "groupe pronominal sujet", etc
Pour "groupe verbal", cela semble moins gênant, encore que
Mais tenez-vous bien, voilà un troisième sens du mot "groupe verbal" qui apparaît dans les manuels de grammaire pour les collégiens et même sans doute pour les écoliers
La grammaire générative et transformationnelle a découvert l'unité fonctionnelle du verbe et de ses compléments essentiels
Illustration : "Jean mange une pomme", on peut remplacer "mange une pomme" par un seul mot "dort": "Jean dort", mais vous ne pouvez pas (impératif excepté) remplacer "Jean mange" par un seul mot devant "une pomme"
On se rend compte de cette unité par d'autres manipulations : extraction, emploi de "le faire", coordination, etc
Et du coup on a baptisé cela "groupe verbal" sans se soucier que c'était déjà pris et cela dans un système cohérent Le groupe verbal était le verbe à un temps composé, puisqu'il implique un ou plusieurs auxiliaires qui sont eux aussi des verbes et le verbe conjugué qui est lui au participe passé
Ici, apparaît la notion de groupe verbal qui synthétise des fonctions
Et cela est balancé sans crier gare dans les manuels
Le groupe verbal ça peut être "est parti", "a été parti" à la mode traditionnelle ou "parle à Jean", "fait passer le livre de Jean à Robert", "mange des moules" à la mode nouvelle
C'est la soupe, quoi !

Pour ce qui est du groupe nominal, il est vrai que l'habitude est puissamment ancrée d'identifier autour du déterminant et du nom un adjectif épithète, un complément du nom et une subordonnée relative, sans se soucier autrement que "adjectif épithète" c'est la nature et la fonction, "complément du nom" la fonction sans la nature groupe prépositionnel, et subordonnée relative la nature sans la fonction complément du nom

Un autre terme ambigu : "participe passé", cela désigne aussi bien la forme composée "ayant pris" que la forme simple "pris"
Il est vrai que les manuels se rendent compte du problème
On a proposé de rebaptiser "ayant pris" en participe présent composé, mais alors où passe l'opposition évidente de l'inaccompli et de l'accompli que supposent bien les autres oppositions "présent"/"passé composé", "subjonctif présent", "subjonctif passé", "conditionnel présent"/"conditionnel passé"
On a encore proposé participe passé simple contre participe passé composé, là c'est mieux déjà
Mais, on fait remarquer que tout temps simple à une forme composée correspondante et que seul le participe passé simple n'en a pas
"C'est inexact!" répliquent d'autres, car tout temps simple a une forme composée et aussi une forme surcomposée disponible "a", "a eu" et "a eu pris" ou "prend", "a pris" et "a eu pris" si vous préférez pour présent, passé composé et passé surcomposé de l'indicatif On n'étudie pas les formes surcomposées à l'école, car elles sont rares, mais elles sont toutes disponibles
Et donc, pour former les temps surcomposés, on a la forme "eu eu", ou "eu pris" Remarquons tout de même qu'à la différence des autres formes elle n'a pas d'emploi autonome, il y a toujours devant elle un auxiliaire, et dans cette opération je remarque que pour faire gagner la forme composée manquante au participe passé simple, on a une forme qui du coup va s'appeler comment "participe passé composé deuxième forme", car le problème du nom ne semble pas encore s'être posé, tellement les choses "vont vite en longueur" en grammaire, et enfin toutes les autres formes gagnant dans l'opération une forme surcomposée, il manque cette fois une forme surcomposé (non autonome toujours, peu importe) au participe passé simple, et prétendre qu'elle est disponible, ce serait cette fois ouvrir la porte à du sursurcomposé dont je doute qu'il ait un avenir littéraire, mais aussi reporter sans arrêt le problème

That's all folks !

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