mercredi 26 février 2014

Temps de parole

"the best of the 3 kings" comme dit un commentaire de ce lien youtube. En effet, Freddie King est juste, quand d'autres grands noms du blues moderne, malgré des titres très forts, sont trop bavards parfois à la guitare comme B.B. King, Albert King et Albert collins.
Pauvre Chuck Berry, c'est une de mes idoles, et je trahis ses sources peu connues, car effectivement plusieurs aspects de son jeu et notamment le solo d'introduction avec ses notes dédoublées ne viennent pas de lui, même s'il fut inventif, ni d'Elmore James. Un bluesman un peu plus jazzy moins connu, mais majeur. Je copie le lien sur Mozilla et je le colle sur cette page amenée par Google Chrome, et hop.

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Je n'ai plus accès au "bordereau" de connexion avec le lien "nouvel article" sur Mozilla, je passe donc sur Google Chrome.
Dans mon récent article de synthèse, je précise que j'ai oublié de parler du rapprochement avec l'idée de verbe johannique façon hugolienne "Au commencement était le verbe", alors que c'est aussi une dimension importante.
Je n'ai pas encore eu le temps de me concentrer sur Helmholtz, une des idées que j'ai en tête c'est d'explorer l'ultime mention "violet" comme moyen de pousser le jeu plus loin que le bleu, en indiquant la limite de perception des ondes pour l'oeil humain, et au-delà de la limite du champ visuel accordé il y a la vision de Dieu. Mieux vaut ne rien dire de prématuré.

Mon travail sur les Illuminations ou sur Voyelles (je mets des italiques aussi aux titres de poèmes, je préfère) et sa continuation par des études du livre Une saison en enfer débouchent sur l'idée qu'il y a un fonds de discours métaphysique imagé reprenant, mais de manière soit subversive, soit simplement parallèle, des motifs et éléments du christianisme, ce fonds vient de la littérature du dix-neuvième siècle et d'une littérature antique explorée à partir des choix imposés dans les écoles pour l'étude du latin, etc.
En fait de philosophie rimbaldienne, si on peut se permettre ce grand mot, je n'apprécie pas trop les anachronismes. La poésie de Rimbaud est annexée à la réflexion moniste contemporaine ou bien à des sortes d'avatar du concept de révolte issu de la philosophie de l'absurde de Camus, et cela par Bruno Claisse qui est le plus important des commentateurs de Rimbaud du point de vue du sens, devant Steve Murphy ou Yves Reboul, et bien sûr suivent plus loin Benoît de Cornulier (ses analyses étant moins investies) et les autres (moi, ça me fait chier, il y a un principe de modestie qui veut m'interdire de me mettre encore au-dessus, il paraît que le public n'aime pas les prétentieux). Je précise que les "éditeurs" de son oeuvre Pierre Brunel, Louis Forestier, Jean-Luc Steinmetz, Borer (c'est quoi son prénom, Alain?), Claude Jeancolas et André Guyaux ne sont pas parmi les rimbaldiens ayant contribué de manière décisive à la connaissance de l'oeuvre de Rimbaud.
Or, il est clair que la poésie d'Arthur l'adolescent a une formulation dualiste, qu'il ne se pose même pas la question du monisme et du dualisme, et que, dans tous les cas, les philosophes n'ont jamais eux-mêmes réussi à opposer efficacement les notions de monisme et de dualisme.
Les allégories et écritures parodiant quelque peu l'esprit du christianisme sont très intéressantes pour approcher la pensée métaphysique dernière de Rimbaud. On comprend bien que les personnifications renvoient à des principes, en n'excluant pas l'idée de providence.
Dans L'Impossible, Rimbaud dit "Non que je croie la lumière altérée, la forme exténuée, le mouvement égaré..." Cela veut très clairement dire qu'il ne désespère pas du devenir et donc d'une certaine providence. La "lumière altérée", cela s'oppose à une lumière inaltérable, à donc l'esprit des couleurs dans Voyelles et à cette "éternité" qui est la "mer allée avec le soleil", source de lumière, dans un poème qui porte ce nom.
Et cette idée d'éternité renvoie métaphoriquement à l'alchimie. Et je vous laisse méditer pour l'instant sur le contraire de "forme exténuée".
L'impossible est seulement au niveau de notre petit entendement humain, au niveau de notre possible.
Un ami, très porté sur les axes philosophiques, s'est montré sensible au rapprochement entre ce passage et celui d'Alchimie du verbe où Voyelles jouit d'un début de commentaire ou d'explication, et sur le fait qu'on retrouve les termes "lumière", "forme" et "mouvement" dont la réunion est un lieu commun d'une certaine littérature d'idées du dix-neuvième siècle. On songe aux quatre causes d'Aristote par-delà ces mots précis, cet ami m'indique aussi leur présence conjointe dans des passages de Bernardin-de-Saint-Pierre, et nous savons qu'il est question de Paul et Virginie dans au moins un poème de Verlaine composé du temps du compagnonnage avec Rimbaud et des Etudes de la Nature dans le seul débris de cahier de brouillon qui nous soit parvenu du Rimbaud élève. Je rattache cela à ce que j'ai dit dans les paragraphes précédents et je considère que la recherche prend des voies très stimulantes, à condition toutefois, et je suis très sensible à ce problème, de ne pas prêter à Rimbaud un niveau d'érudition et de maturité sur une certaine littérature d'idées ou sur une certaine littérature philosophique.
Il n'est en tout cas pas absurde de présenter une pensée de Rimbaud d'une cohérence aux articulations aussi belles qu'un système philosophique. Les philosophies à système n'ont pas tenu. Leibniz, un des plus grands génies que nous ayons eu, a pas mal perdu son temps dans des recherches inutiles comme l'alchimie, et au plan philosophique sa "Monadologie" refait le coup d'un Platon contre-intuitif, mais pour un résultat qui n'a de valeur qu'en termes d'approche heuristique. La "Monadologie" ne tient absolument pas la route, et ne permet que de montrer aux matérialistes qu'ils ne peuvent pas plus prouver leurs théories que les idéalistes qui proposent des "monadologies" et autres. La dialectique et la phénoménologie (Hegel, puis Husserl) permirent à la philosophie de trouver un nouveau souffle, mais fondamentalement héritant de poètes prédécesseurs on peut penser que la poésie de Rimbaud est habitée par un souffle de conception pré-philosophique qui peut réellement être mis à hauteur non pas de la pensée fouillée des philosophes, mais au moins du socle des grandes lignes directrices d'un quelconque philosophe. Il y a des intuitions subtiles de départ que Rimbaud a sincèrement travaillé à déployer.
De tels échanges productifs me changent en tout du niveau de médiocrité auquel je dois m'en tenir quand je parle de Rimbaud avec les gens, y compris les rimbaldiens.
Normalement, je devais poursuivre une thèse à l'université sur Rimbaud et le romantisme. Le problème, c'est que je me situe à un tel niveau d'exigence que je n'ai pas été en mesure de bâtir un plan rapidement. Le projet a traîné, et le reprendre me paraît impossible, parce qu'à peu près tout le monde veut ma peau.
Ne supportant pas les chipotages débiles du genre "on n'arrivera jamais à un concept de "romantisme" applicable à tout le champ de ceux qui ont été admis dans le courant", j'ai passé du temps carrément à redéfinir le classicisme. Dans la façon de conduire une thèse, je suis unique au monde et ce n'est pas très bien accepté. J'aime bien de mûrir les choses en profondeur et d'aller très loin dans la perspective historique. On en a une sorte d'illustration avec mon article fleuve en ligne "Ecarts métriques d'un Bateau ivre".
J'ai plein de projets concurrents sur Rimbaud, projets en conflit avec le souci de ramener quelque chose dans la gamelle et les envies de profiter d'autres choses, mais je ne prévois pas de cesser d'accorder un temps important à l'étude de l'oeuvre de Rimbaud. Je le fais en plus honnêtement, car je le fais vraiment au service d'une meilleure compréhension de l'auteur.
Après, on me reprochera sans doute de penser à ma pomme dans le cas de certaines colères, mais je ne suis pas d'accord. Déjà, faire le tour du problème qui m'est personnel est déjà révélateur des blocages sociétaux actuels, et je cible dans la foulée l'absurdité qu'il y a à se dire passionné de Rimbaud quand on passe sciemment à côté de certaines choses. La théorie du "zéro conflit" a bon dos. La reconnaissance qu'on a pour mon travail est proche de zéro, sans compter que je n'ai jamais énuméré, sur quinze ans, toutes les petites idées dont on a profité sur mon compte pour tel ou tel détail d'étude dans des articles. Le coup de poignard du livre de Bernard Teyssèdre, le mépris qu'on affiche pour mon étude sur Voyelles, le fait qu'on ait mis entre parenthèses le rôle déclencheur de mon article sur Le Bateau ivre, ça ne passera jamais. Bizarrement, les gens n'ont pas compris que j'étais là pour durer, que j'étais l'avenir pas le passé de la critique rimbaldienne, que j'avais de la ressource pour parfaire ma manière d'écrire et de présenter mes idées, etc., que j'avais des moyens variés pour me faire connaître (internet, et l'éventualité de publications soit comme critique, soit comme écrivain). Et j'ai du mal à croire que leur présent soit tranquillisé, quand on sait que mes idées ne font qu'attendre pour s'imposer avec éclat. On peut me traiter de prétentieux, peu importe, car les instruments de mesure pour apprécier l'évolution de la critique rimbaldienne ces quinze dernières années sont déjà largement à mon avantage. Personne n'arrive à me répondre sur Voyelles : m'ignorer ou me présenter caricaturalement, ce n'est bien sûr pas très intelligent comme façon de faire. Sur la datation non plus, personne n'arrive à contrer l'avalanche de mes arguments. Les prétendus recueils de manuscrits, il en reste pas grand-chose aujourd'hui, et le plus drôle, c'est que j'ai la facétie pourtant de justifier certaines suites dans les poèmes en prose comme l'enchaînement de Matinée d'ivresse et A une Raison (dans l'ordre inverse).
La médiocrité de ce que j'ai en face est très facile à évaluer. J'ai déchiffré un vers de L'Homme juste, mais cela est traité de manière problématique comme une simple conjecture et sans consensus de gens autorisés pas question pour les éditeurs de corriger le vers.
Ce vers n'est pas révisé sur le site d'Alain Bardel, ni dans aucune édition courante. Seuls deux rimbaldiens l'ont admis comme une évidence ou peu s'en faut : Jacques Bienvenu (republication sur son blog) et Benoît de Cornulier (il l'exploite en tant que tel dans son livre récent sur Rimbaud). Yves Reboul, je le sais, est également convaincu, mais le reste, néant. Ou il n'est pas convaincu, ou il reste dans le parfait mutisme.
Je trouve ça inquiétant. Ce n'est pas moi qui suis très intelligent, c'est ce que j'ai en face qui ne tourne pas rond. La confrontation de la solution au manuscrit est déjà suffisante en soi, j'y ai pourtant adjoint une démonstration hors-pair, qu'est-ce qu'il faut de plus ?
Enfin, quelqu'un qui a une solution à un vers tronqué, et qui s'en tient au vers tronqué, je me pose beaucoup de questions quant à son intérêt réel pour Rimbaud. Je ne supporte pas le manque d'intelligence doublé d'un manque d'enthousiasme quand on se prétend passionné.
Sur l'Album zutique, j'ai ramené une moisson d'intertextes et j'ai signalé à l'attention qu'un intertexte probable (un dizain de Coppée pour la rime avec "redingote") nécessitait un complément d'enquête étant donné un problème de date. Cela va au-delà de Bernard Teyssèdre, je trouve que j'ai commenté une partie des poèmes zutiques de Rimbaud en livrant les intertextes précis. Eh bien, ni les intertextes, ni les commentaires des poèmes que j'ai pu faire ne sont pris comme quelque chose d'important. Vous n'avez aucun empressement à en faire état, pas plus que mes remarques sur Voyelles. Pas de mise à jour sur le site internet d'Alain Bardel, pas de mise à jour dans les révisions de quelques éditions courantes, aucun sort dans la révision du livre L'Art de Rimbaud. Même résumer cela en une page, ils s'en contrefichent, mais royalement. Aucun engouement pour la nouvelle "Ce qu'on prend pour une vocation" de Coppée. Rien. Je trouve ça cocasse à l'ère d'internet. A se demander comment les auteurs du dix-huitième siècle réagissaient si vite à des publications littéraires anglaises, pour ne prendre qu'un exemple. Les rimbaldiens dorment d'un sommeil de plomb précisément à l'heure où son oeuvre s'éclaire enfin, alors que toute idée circulait très vite jusqu'aux années soixante. Il n'y a de dynamique qu'institutionnelle, plus rien n'est au service de la diffusion des idées. C'est un blocage qui m'étonne et qui est franchement malsain.
En plus, sur internet, la transmission est immédiate et concerne le monde entier des gens qui, équipés informatiquement et à l'aise dans le bain du monde actuel, s'intéressent à la poésie française. L'anonymat est lui-même possible. Et ce qu'on recueille c'est les faciles débiles d'un ironiste qui se croit un grand maître de la parole capable d'offenser toute susceptibilité de manière décisive. On me répliquera que ma violence jointe à ma connaissance de l'oeuvre fait peur. Mais quand même! Il n'y a pas une tête passionnée, pas un gars qui avec un pseudo peut dire un truc au passage, rien, quoi ? Et vous n'avez à aucun moment d'être des merdes au milieu de merdes, ça me dépasse.
Vous êtes gnangnan et zinzin quand même. Ah oui la vie est courte et il faut du ketchup dans l'assiette, les étoiles c'est bien joli mais on n'ira jamais. Putain mais putain mais putain mais putain...

Vous n'êtes pas fatigués d'avoir toujours du ketchup, moi je n'en achète jamais, ni sauce tomate, je coupe mes oignons, mes tomates, mon ail, je mets à la poêle. Vous achetiez passivement de quoi manger pour dix francs français il y a vingt ans, aujourd'hui vous y mettez sept euros, vous renoncez à acheter ça, ça et ça au fur et à mesure. Ben, la société décline intellectuellement de la même façon. Et de quoi vous parlez d'intéressant à table, de l'excellence de votre stricte observance de ce qui est coté d'excellente médiocrité pour l'image que vous avez à donner ? Mais comment vous a-t-on fabriqué ? Ce n'est pas possible, ce n'est pas naturel d'être comme vous l'êtes !

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