lundi 19 août 2013

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Le but du blog est d'entrer dans la compréhension de l'oeuvre de Rimbaud. Il va y avoir d'un côté une revue générale pour la poésie en vers, domaine dans lequel les poèmes énigmatiques ont fortement diminué, la période 1872 étant essentiellement concernée.
J'ai déjà balisé le terrain sur ce blog en ce qui concerne les textes de 1870 et 1871. Je reviendrai sur les lectures de Voyelles et Le Bateau ivre, je les ai déjà publiées, mais je vais essayer maintenant une présentation internet efficace.
Avant d'analyser les textes en prose, je souhaite travailler sur certains articles généraux : versification, manuscrits, chronologie, prose de Rimbaud, Rimbaud et le romantisme.
Je vais essayer de ne pas faire attendre les études sur Une saison en enfer en disséminant de premières mises au point, mais ne pouvant tout faire à la fois voici donc l'ordre dans lequel je devrais traiter mes différents sujet.
Je souhaite aussi introduire des lectures audio faites par moi-même et commenter les manières de lire, en l'occurrence à haute voix.
Les articles sur la versification sont en cours et la chronologie des Illuminations va attendre encore au moins un mois. J'ai mon idée de présentation de cette chronologie, je ne vais pas ici la divulguer, et je mets encore tout cela au point.
Ceux qui auront lu mon article "Ecarts métriques d'un Bateau ivre" ont pu voir que j'osais associer une histoire complète de la versification française jusqu'à Rimbaud, une histoire de l'évolution rimbaldienne à son sujet et une analyse du vers dans le seul poème du Bateau ivre.
Le blog ne sera pas le lieu d'articles longs, mais j'envisage très nettement de proposer mes articles sur le romantisme comme des pré-requis à une analyse du romantisme rimbaldien. Je ne suis pas la personne qui dit: "je vais traiter le romantisme chez Rimbaud, le romantisme c'est ça, ça et ça qui est attendu, je bidouille un truc sur Rimbaud, clair, net et précis." Je suis fait différemment, et je me donne raison d'être ainsi. Je suis capable d'investir une énergie considérable dans des lectures qui m'éloignent de Rimbaud pour comprendre le romantisme, et pour comprendre le romantisme, je relis tous les classiques.
Evidemment, je n'ai pas envie non plus d'adopter les discours d'un Gusdorf qui croit qu'il est subtil de toujours repousser la définition du romantisme en s'ingéniant à penser qu'il n'y a rien de généralisable, qu'il y a toujours des exceptions, des points qui ne rentrent pas dans le beau système. Ben non, moi, ma conception de l'intelligence, c'est qu'il y a beau système à trouver pour dire le romantisme. Le mot existe, il veut dire quelque chose qu'il est bien possible d'étayer. J'y arriverai et je reviendrai à Rimbaud avec.
Dans un même ordre d'idées, je me propose une étude sur la prose ou sur l'évolution de la syntaxe des phrases à travers les siècles, avant de revenir sur un discours global sur son originalité dans le cas de Rimbaud.
Il y a un constat que j'ai pu faire et que je n'ai jamais rencontré nulle part. J'ignore si quelqu'un y a pensé. J'ai remarqué qu'une grammairienne faisait remarquer dans un livre sur l'adjectif qu'il était mal-aimé en style et qu'effectivement il y en avait peu dans l'oeuvre de Stendhal.
Ce témoignage avec lequel je ne suis pas du tout d'accord m'invite à penser que mon idée n'est pas connue.
Et pourtant elle est assez évidente.
Je reviendrai ultérieurement sur l'opposition de style entre un texte en prose du XVIème et un texte en prose du XVIIème siècle.
Je vais directement opposer classicisme et romantisme.
Théophile Gautier est une des plus belles plumes qui puissent s'imaginer et le début du Capitaine Fracasse est une pure merveille de style. Or, ce roman veut avoir un peu de couleur du XVIIème en évoquant l'oeuvre de Scarron et son Roman comique. Mais, Gautier appartient au romantisme, à son siècle, et n'imite absolument pas la langue du XVIIème.

Je prends des phrases au hasard pour montrer l'abîme entre les deux conceptions de l'écriture. L'auteur du XVIIème écrit à partir de verbes. L'auteur du XIXème privilégie une voie nominale faite d'expansions, appositions.

"Le sieur de La Rappinière était lors le rieur de la ville du Mans. Il n'y a point de petite ville qui n'ait son rieur. La ville de Paris n'en a pas pour un, elle en a dans chaque quartier, et moi-même qui vous parle, je l'aurais été du mien si j'avais voulu; mais il y a longtemps, comme tout le monde sait, que j'ai renoncé à toutes les vanités du monde. Pour revenir au sieur de La Rappinière, il renoua bientôt la conversation que les coups de poing avaient interrompue et demanda au jeune comédien si leur troupe n'était composée que de mademoiselle de La Caverne, de M. de La Rancune et de lui."

Je ne commente pas plus pour l'instant. J'y reviendrai, et je parlerai de Marivaux, Diderot, etc., je parlerai aussi des propositions infinitives, des coordinations, des pronoms, des locutions sensibles "renouer la conversation", des verbes intransitifs de l'abondance des mots-outils avec la contrepartie d'une description minimale, ainsi que du faible recours aux adjectifs avec souvent des noms solitaires "qui n'ait son rieur" ou des compléments du nom "vanités du monde", recours évinçant insensiblement les adjectifs colorés.

Voici un extrait de Gautier, on me reprochera peut-être de choisir son début descriptif à des fins de contraste, mais on verra quand je reviendrai sur le sujet si ce n'est pas plus profond :

"Sur le revers d'une de ces collines décharnées qui bossuent les Landes, entre Dax et Mont-de-Marsan, s'élevait, sous le règne de Louis XIII, une de ces gentilshommières si communes en Gascogne, et que les villageois décorent du nom de château.
"Deux tours rondes, coiffées de toits en éteignoir, flanquaient les angles d'un bâtiment, sur la façade duquel deux rainures profondément entaillées trahissaient l'existence primitive d'un pont-levis réduit à l'état de sinécure par le nivelage du fossé, et donnaient au manoir un aspect assez féodal, avec leurs échauguettes en poivrière et leurs girouettes à queue d'aronde."

Les deux textes appartiennent indéniablement à des textes de siècles nettement distincts. Je citerai aussi des phrases de Marivaux avec un satiné de conversation qui est de tout même lié à une sélection orale, des passages de Diderot où le traitement verbal classique s'associe à des sortes d'énumérations martelant le raisonnement, l'appuyant. Je citerai aussi des passages organisant une description dans Manette Salomon des Goncourt, en évoquant aussi l'idée de la littérature sur la peinture qui du dix-huitième au dix-neuvième siècle a eu son importance pour l'histoire du style dans le roman. J'essaierai de montrer des points communs qui font tenir ensemble Balzac, Hugo et Michelet dans l'art du roman.
Voilà un gros travail en perspective, et puis après ça on verra ce qu'on peut en faire pour aborder Rimbaud.
Voilà comment je fonctionne, et cela, bien que je ne sois pas très académique, pour le plus grand profit de la critique littéraire me semble-t-il.

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